Au VIIIème siècle l’abbaye de Murbach possédait des biens dans le village, on peut en déduire que le village était christianisé.
En 1314 un document localise une ferme (Hof) à coté de l’église (Versus ecclesiam).
Dans le rôle des impôts papaux de 1371 on relève « Osthus avec église ».
En 1419 Klaus Kabisser était prêtre à Osthouse (Leutpriester).
Le compte rendu d’une visite épiscopale de 1666, évoque l’église St Martin. Dans le même rapport il est fait état de l’existence de deux chapelles, l’une dédiée à St Wolfgang servant encore actuellement comme lieu de sépultures aux propriétaires du Château, l’autre consacrée à St Nicolas, chapelle qui n’existe plus et dont la date de disparition n’est pas connue. En 1758 le compte rendu, épiscopale parle de l’église St Barthélèmy.

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En 1464, Osthouse, du nom de Osthuss à l’époque, était déjà constitué en paroisse catholique.En 1570 Sébastien Zorn von Bulach introduit la Réforme pour tous les villageois. A sa mort en 1616 Osthouse redevint une paroisse presque entièrement catholique. L’église servit de bâtiment de culte tant pour les catholiques que pour les protestants. Le simultaneum prit fin en 1693.
L’église est construite au milieu du village sur un léger promontoire, entouré d’un mur très ancien dont on rapporte qu’il aurait pu faire office de mur de fortification. Des dalles funéraires ainsi que des monuments sont encastrés dans le mur qui est inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques, arrêté du 28 juillet 1937. Bien entendu l’église est également sur le même inventaire.

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La tour actuelle se décompose en plusieurs parties :
- La partie inférieure avec ses ouvertures en forme de meurtrière semble dater du XII – XIII ième siècle.
- La deuxième partie aux fenêtres gothiques datent du XV ème siècle.
- Les frontons curvilignes avec les quatre gargouilles d’angle datent du XVI-XVII ème siècle.
- Le couronnement octogonal, qui n’est pas le premier, est postérieur à 1895. Cette partie est un Thurm-Helm, c’est-à-dire tour à la forme de casque prussien. Le conseil municipal a pris la décision de reconstruction en date du 25.05.1895 avec l’assistance de l’architecte Winkler de Colmar.

La première construction de cette partie de la tour a été détruite par un incendie en l’an 1790 suite à un orage. L’une ou l’autre poutre partiellement calcinée a été réutilisée et est encore visible actuellement.
La dernière partie de charpente supportant la pointe métallique qui sert de support au coq a été reconstruite en 1922, selon devis et plan de l’architecte Weygand de Barr. La première ayant été soufflée par un violent orage. Le coq était tombé dans une cour de la ferme voisine, c’était durant les vêpres, un dimanche de 1921. Les rumeurs villageoises rapportent que la pointe en or du paratonnerre se serait volatilisée, mais non par la foutre.
En 1957 l’extérieur de la tour avait fait l’objet de travaux de rénovation.
La nef, le chœur et la sacristie furent reconstruits en 1769, d’après les plans de l’architecte Christiani, une plaquette au-dessus de la porte de la sacristie rappellecette date de construction. Il s’agit de la troisième nef depuis la construction de la tour. Les traces de la deuxième nef sont encore visibles sur la tour actuelle jouxtant le grenier de la nef.

Le maître-autel néo-rococo ainsi que les autels latéraux semblent dater du XIX ème siècle. Les armoiries des Zorn de Bulach et de la famille Reinach qui ornent l’autel latéral gauche confirment les datent précédentes. En effet Antoinette-Fidèle Reinach, née le 6 octobre 1826 s’est mariée le 17 septembre 1849 au Baron François Zorn de Bulach, maire d’Osthouse et chambellan de S.M. l’empereur Napoléon III.
Le tableau maître-autel a été peint en 1947 par le peintre alsacien René Kuder qui avait pour meilleur ami le curé Stoehr d’Osthouse. L’image de ce dernier représente la glorification de Saint Barthélémy après son écorchement. L’œuvre a été financée par le baron Louis de Sonnenberg, suite aux vœux que le château soit épargné de la destruction durant la guerre de 39-45.

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Un autre tableau représentant le Christ rayonnant a été offert par Monseigneur l’Evêque François Zorn de Bulach. Une dalle funéraire à la mémoire du défunt Franz Matern Ludwig Zorn de Bulach, dernier Zorn stettmeistre de Strasbourg de 1775 à 1789, décédé le 12.10 1791, est encastrée dans le mur de l’église. Elle est surmontée des armoiries des Zorn de Bulach. Les bancs sont ornés de rinceaux sculptés et portent les armoiries de ces mêmes Zorn. Dans le cœur de l’église sont encore conservés six porte-cierges du XVIII. Le plafond et les murs sont peints de tableaux représentants des scènes bibliques. Une chaire, un confessionnal et diverses statues ornent l’église. Une très belle statue de la Vierge et datant du XVème a disparu durant la guerre. Elle avait été mise à la disposition de la paroisse par la famille Peter-Braunstein. Deux lampes de sanctuaire dorées ornent l’entrée du cœur.

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Les tableaux du chemin de croix ont été peints en 1871 par Carola Sorg sur commande du Baron François Franz Zorn de Bulach. Il a offert ces tableaux à l’église suite au vœu qu’il avait exprimé lors de l’incorporation de son fils Hugo en 1870, « si son fils revenait sain et sauf de la guerre il ferait un don à l’église paroissiale ».
Dans le tympan du portail une inscription indique en latin que cette œuvre a été commencée en l’an 1453. S’agit-il de la première nef ? Les décorations de cette porte ne sont pas de l’époque de la construction de la première partie de la tour. En effet, il semble bien que les colonnes, le tympan ainsi que les armoiries des Landsperg et des Pfaffenlapp aient été rajoutés plus tard.

Les vitraux de l’église datent d’après certains auteurs de 1847 et ont été exécutés par Muller et Petit-Gérard. En effet ces peintres verriers existaient, Petit-Gérard Batiste et Pierre ainsi que Muller J. Mais d’après les archives communales, en 1867 et 1868 la commune avait passé commande de quatre panneaux en grisaille et ensuite six panneaux à un peintre verrier de Metz, ChLejail. Grisaille est plutôt un procédé de fabrication qu’une couleur. Pour fabriquer ce verre il existe deux recettes, l’une à base de cuivre, l’autre à base de fer. Le mot grisaille qui a prévalu n’est pas trop choisi puisqu’il oblige parfois à parler d’une grisaille rouge ou verte ou bleue. Sur deux vitraux du cœur sont reproduits St Marc et St Luc ainsi que St Jean et St Mathieu. Dans un rapport de présentation du projet de grosses réparations à l’église, l’auteur écrivait, au sujet des vitreries des six dernières grandes fenêtres de la nef sont en verres blancs de petites dimensions, assemblées dans des montants et traverses en fer, tout ce système est ancien, oxydé, disloqué et ne peut-être utilisé, il est urgent de le remplacer par une vitrerie sur armature en fer semblable à celles nouvellement exécutées dans les deux premières de la nef. En résumé, on a parlé de deux vitraux existants, de six et quatre commandés par la commune, soit au total les douze vitraux existants actuellement. Il est à noter l’existence d’un autre vitrail, pas commun aux églises, qui par sa décoration a un caractère mystérieux. Il s’agit d’un vitrail rond, situé dans le cœur de l’église au-dessus de l’autel. Il est décoré d’un triangle et d’un œil, symbole de la franc-maçonnerie ? Non, bien entendu, à cette époque on représentait la trinité sous cet aspect, l’œil de Dieu dans un triangle.

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L’orgue actuel a été construit par les ateliers Koenig à Sarre-Union et mis en service lors de l’inauguration du 20 mars 1994. En 1789 existait déjà un orgue en provenance soit de Toussaint à Plobsheim, soit de Kräemer de Nordhouse. En 1855 l’ancien orgue a été remplacé par un orgue fabriqué par les ateliers Wetzel Frères.

En 1925, le Maire de la commune demande un devis pour le remplacement des tuyau d’orgue qui ont été volés. Les travaux ont été effectués par les ateliers Roethinger. Cette même entreprise installa en 1926 la soufflerie électrique de l’orgue. En 1935 Schwenkedel effectue de grosses réparations sur l’orgue existant.

Le clocher renferme trois cloches dont deux petites coulées par Mathieu Edel et consacrées en 1803.
La cloche moyenne, tonalité « si », diamètre 0,76 mètre, hauteur 0,60 mètre, poids 260 kilogrammes a été dédiée à Saint Barthélémy. Cette cloche a été réquisitionnée par l’armée allemande et descendue du clocher le 25 mai 1917 à 13h50. Elle a été remontée au clocher en juin 1919.
La petite cloche, tonalité « ré », diamètre 0,67 mètre, hauteur 0,53 mètre, poids 175 kilogrammes, a été dédiée à l’archange Saint Michel.
La troisième, la plus grande, a été coulée par les ateliers Causard à Colmar et consacrée en 1924. L’usage de cloche vient d’Asie et existait déjà au VI ème siècle. En ce qui concerne l’Alsace, un texte du milieu du XI ème siècle implique que tout édifice religieux possède au moins une cloche.

En Alsace les guerres meurtrières, surtout celle de 1914-1918, ont entraîné la réquisition des cloches pour en récupérer le bronze et en faire des canons. Plus tard, les fondeurs, entre 1920et 1930, ont racheté du métal chez les militaires, souvent des tuyaux de canons pour en faire de « mauvaises cloches ». Ce qui semble le cas pour la grande cloche de l’église d’Osthouse. En effet, les cloches d’Osthouse n’ont pas échappé à ces réquisitions. Le conseil local a traité plusieurs fois ce sujet en constatant amèrement qu’il ne pouvait pas prétendre à des indemnités.

Les portes-cierges actuels ont été achetés par le Curé Stoehr. Ils proviennent soit de Besançon ou de Vitry-le-François et remplacent d’anciens porte-cierges inesthétiques et sans valeur. Les deux premiers bancs des deux côtés du couloir menant à l’autels sont ornés de rinceaux sculptés et des armoiries des Zorn. Ces bancs ont fait l’objet d’une ordonnance royale de Louis XVIII (Roi de France de 1814 à 1824) : « de concéder à perpétuité aux donateurs, pour eux et leur famille, la jouissance des bancs qu’ils occupent dans cette église (jouissance qui ne peut être transportée pour quelque cause que ce soit) etc. ...L’ordonnance a été signée le premier juillet 1818.

La table ouvragée, grise et or, avec dessus en marbre, a été mis à disposition révocable par les héritiers du château. Un acte, sous forme de lettre simple, constate cette mise à disposition. L’autel latéral du côté droit de l’église a été offert par a famille Andlauer-Bechtel. Il s’agit d’une information recueillie verbalement et non confirmée par un acte quelconque ou tout autre document écrit.

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La croix dorée de procession, encore en service actuellement, porte l’inscription suivante : Marthe et Jeanne Zorn de Bulach le 16 juillet 1878. Quelle est la signification de cette date ? Philippine Marthe Zorn de Bulach née le 28 septembre 1853 est la fille de François Zorn de Bulach et porte le titre de baronne Louis de Sonnenberg. Jeanne Marie Zorn de Bulach née le 9 septembre 1856 est également la fille de François Zorn de Bulach et porte le titre de baronne Camille d’Andlau. Une très belle chaise prie-dieu avec un accoudoir basculant ouvrant sur un tiroir fixe invite à la prière devant l’autel latéral gauche. Ce prie-dieu a été offert par une des sœurs de Monseigneur François Zorn de Bulach, évêque auxiliaire de Strasbourg, évêque titulaire d’Erythrée, après le décès de ce dernier en 1925. Il s’agit de Jeanne Marie d’Andlau. Date de remise à l’église le 18 avril 1925. Cette chaise destinée au service divin servait à l’évêque dans sa chapelle particulière.

Deux belles et anciennes statues en bois décorent la grande salle du presbytère. Elles ont une histoire curieuse et mystérieuse. En effet elles ont été découvertes par le Curé Stoehr cachées dans le plafond de la sacristie. Les bras ont été sectionnés, les méfaits de la révolution. En effet, le 6 août 1792 les sans-culottes traversèrent Erstein. Le jour suivant ils se rendirent à Osthouse chez le curé Nancé. Ce curé avait un frère notaire à Erstein et ce dernier était un farouche révolutionnaire.

Dans le coeur de l’église se trouvent en double, trois porte-cierges des anciennes corporations locales. Les corporations des agriculteurs, des journaliers et des jeunes gens célibataires ont été mises en place en 1401 et celle des pêcheurs en 1517. Elles semblent avoir été supprimées en 1791. Les corporations regroupaient les membres d’une même profession, fixaient le règlement de la profession et participaient à la vie culturelle.

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